Τρίτη 20 Φεβρουαρίου 2018

LE GENERAL DUFOUR ET LE COMTE CAPODISTRIAS DANS L’EUROPE DU XIXe SIECLE


LE GENERAL DUFOUR ET LE COMTE CAPODISTRIAS DANS L’EUROPE DU XIXe SIECLE
                                                                            Sophie Moraiti, docteur en philosophie,
ex professeure à l’ Institut des Langues        étrangères à l’ Université d’Athènes et à
l’Université ouverte


            Au XIXe siècle la nouvelle carte géopolitique de l’ Europe est dessinnée par les guerres de Napoléon et de nombreux autres conflits. L’ émergence des consciences nationales et de sentiments patriotiques très puissants, la construction de l’unité italienne et la libération des provinces balkaniques, ainsi que les révolutions industrielles donnent l’ élan à des discussions sur le nouvel aspect de l’ Europe. De 1815 à 1871 l’ Europe des Nations domine la vie politique du temps : du congrès de Vienne et de la Sainte Alliance jusqu’à l’ achèvement de l’ unité italienne et allemande, les peuples aspirent à former des nations érigées en états nationaux, sous l’œil bienveillant ou hostile des grandes puissances.

            Le XIXe siècle est aussi le siècle où les élites intellectuelles vont transformer le vieux continent, en un immense chaudron, dans lequel vont bouillonner et prendre forme toutes les idées et tous les arts. Ses  savants, ses artistes, ses intellectuels, vont porter la recherche technologique, la recherche scientifique, la recherche artistique, la recherche des idées, à un niveau jamais atteint auparavant. Voilà le milieu dans lequel ont vécu deux grandes personnalités de l’époque : le Général Guillaume – Henri Dufour et le comte Jean Capodistria, Ministre du Tsar Alexandre Ier et futur Gouverneur de Grèce.
            En étudiant les événements historiques de l’ époque, nous pouvons parler de « vies parallèles » pour ces deux personnalités. Ils avaient une certaine différence d’âge. Dufour était né le 15 septembre 1787, alors que Capodistria était né le 11 février 1776. Le premier mourut dans sa maison en Suisse, en 1875, honoré par ses compatriotes, le second fut assassiné à Nauplie par deux Grecs à l’ âge de 55 ans, en 1831, alors qu’il était Gouverneur de Grèce. Ils firent tous deux de brillantes études : Dufour étudia à l’ Ecole Polytechnique de Paris et Capodistria à la célèbre Université de Padoue en Italie. La période pendant laquelle ils étudièrent est importante. Des événements tels que la Révolution française en 1789, les Lumières, et la volonté des peuples à changer la société, marquèrent le développement social de l’ Europe. Tous deux étudièrent et furent influencés par les nouvelles idées dominantes de l’ époque. En parlant des événements importants de leur vie, nous mettons en lumière les valeurs communes qu’ ils défendirent au long de leur vie.
            En 1807, Dufour passa le concours d’ admission à l’ Ecole Polytechnique de Paris, et en 1809, ayant terminé ses études, il poursuivit sa formation d’ ingénieur à l’ « Ecole pratique » de l’ armée à Metz, en France. A la fin de 1809, les cinq meilleurs étudiants de l’ Ecole reçurent l’ ordre de partir à Corfou, frontière Est de l’ Empire de Napoléon, afin de collaborer aux travaux de fortifications contre l’ armée anglaise. Dufour écrit dans ses Notes biographiques : « Ce fut pour nous une grande déception d’ être si loin de la Grande Armée tant admirée, que nous vantions et acclamions. C’ était comme un exil. »
            Capodistria commença sa carrière politique plus tôt. Il retourna à son île natale en 1800, après ses études en Italie et commença à travailler comme médecin. Il se mêla de politique en 1801, lorsqu’ il accompagna Nicolas Sigouros à Céphalonie pour aider à y rétablir l’ ordre. Cette mission fut couronnée de succès, et les deux hommes rentrèrent à Corfou. En 1802 il participa à l’ établissement de l’ Association Médicale en tant que Secrétaire. Au cours de l’ année suivante, en 1803, il fut nommé Secrétaire de l’ Etat Ionien avec la charge de correspondre avec les expatriés de la République à l’ étranger. En mars 1804 il eut l’honneur d’ être nommé par le Tsar Alexandre Ier, Conseiller de l’ Etat du 6ème grade.
            En 1805 il devint « Contrôleur de l’ Education » c’est-à-dire Ministre de l’ Education publique, et il fondit 40 écoles réparties dans les 7 îles ioniennes. L’ école du Monastère de Tenedos était la première école de l’administration publique, où tous les employés de l’ état et tous les prêtres étaient obligés de suivre une formation pendant deux ans. Il est important de noter que Capodistria inaugurait ici un système de bourses d’ études, pour aider les étudiants démunis à étudier.
            En 1806 il reprit la Direction de cette Ecole publique de la République qu’ il avait fondée de sa propre initiative. La même année, il fut élu Secrétaire du Sénat ainsi que Secrétaire et Rapporteur de la Commission de rédaction de la nouvelle Constitution. Ses propositions furent rejettées comme trop libérales. Il persuada néanmoins le Sénat de voter la Constitution en arguant que « C’ est uniquement les propositions de Monsenigo qui seraient approuvées par la Cour de Russie. »
            En 1807, en tant que Commissaire pour la défense contre les Ottomans de l’ île d’ Agia Mavra (Lefkada), il était au service de la Russie, puisqu’ il avait avec lui 300 soldats russes, ainsi que Ignatios, évêque métropolitain d’ Arta. C’ est là qu’ il rencontra les chefs militaires grecs et qu’ il reconnut leur rôle important dans l’ anéantissement des troupes d’ Ali Pacha et leur éloignement de Lefkada.
            Lorque les Français sont arrivés à Corfou, le général Berthier lui proposa des rendez-vous que Capodistria n’accepta pas, car il attendait une proposition des Russes avec lesquels il entretenait de très bonnes relations.
            Cette proposition arriva en effet : en 1808 le comte Nicolas Petrovitz Noumiatsef du Ministère des Affaires étrangères de Russie, par sa lettre officielle lui annonça qu’ il fut honoré par la Russie avec le titre de Chevalier de l’ Ordre de Sainte-Anne et l’ invita à Saint Petersbourg. En 1809, il arriva à Saint Petersbourg où il resta pendant deux ans comme conseiller d’ Etat. Donc, quand Dufour est arrivé à Corfou, Capodistria était déjà en Russie.
            L’ arrivée de Dufour et son séjour à Corfou sont brillamment décrits dans ses Notes biographiques. Des extraits de ce livre ont été publiés dans le Bulletin de la Société de lecture de Corfou en 1969, traduits et édités par Mme Agathi Nicokavoura. Ils sont arrivés à Corfou le jour de Noël 1810. Dufour constate : « … Nous n’avions pas encore de place pour vivre. Il nous avaient installés dans une pièce, à côté d’ une autre pièce semblable, où il y avait un certain nombre de danseuses qui étaient arrivées même temps que nous. Les deux chambres communiquaient, et bien que rien d’immoral n’ ait eu lieu, cette cohabitation d’ hommes d’ une part, de femmes de l’ autre, que l’ on pouvait voir et entendre parler, était assez comique… » [1] Dufour servit sous les ordres du Commandant des ingénieurs et Commandant des fortifications des îles Ioniennes, le colonel Baudrand. Dufour raconta qu’il ait eu la chance d’ avoir trouvé en lui « un directeur illuminé et plus tard un ami dévoué ».[2]
            Au cours de son séjour sur l’Ile, désormais capitaine, Dufour surveilla et dirigea les travaux et dessina la carte de « la zone à grande échelle avec ses canons, les montrant clairement »,[3] comme il l’ écrivit, selon une méthodee de conception qui les fit ressembler à des reliefs. Dans ses Notes biographiques, il déclare qu’ il a dessiné cette carte en 1811 et 1812, et que c’ était la première carte comportant des courbes de niveau. La carte originale se trouve aux Archives du Ministère français de l’ Armée.
            En plus de ses occupations militaires et sociales, Dufour écrivit à Corfou un traité sur la « Perspective ». La vie sur l’île  avait ses côtés agréables, mais aussi dangereux et désagréables. En ce qui concerne les côtés agréables, en dehors de leur premier lieu de séjour déjà mentionné, Dufour participa avec ses collègues aux « bals du gouverneur », il assista à des comédies théâtrales, des pantomimes et des courses de chevaux. Caractéristique de l’ atmosphère de joie et d’ humour qui régnait, est sa référence au carnaval où son déguisement en tant que femme eut tellement de succès qu’ un officier de la marine tomba amoureux de lui !
            Le côté dangereux décrit par le capitaine était l’ incendie de l’ entrepôt de munitions de la Nouvelle Forteresse. Face au danger de propagation des explosions, les habitants et l’ équipage des navires qui se trouvaient dans le port étaient pris de panique. Dufour, à la tête des hommes qu’ il avait placés sur un talus pour être en sécurité, réussit à éteindre le feu sans l’ aide de l’ eau, mais en utilisant de la terre à la place. Le résultat fut la perte d’ une seule vie, celle de la personne qui avait causé l’ incendie. Mais un autre événement, qu’ il mentionne dans ses Notes biographiques et qui lui coûta presque la vie, fut l’ attaque des Britanniques contre le navire français qui avait été envoyé en reconnaissance sous les ordres du colonel Baudrand. Les cartons des cartouches prirent feu et son uniforme commença à brûler aussi. Il tomba à la mer et, comme il le raconte, il nagea « avec son uniforme volumineux et son épée au côté » jusqu’ au bateau le plus proche. Bien que cet incident mît sa sécurité en danger, il évita ainsi d’ être transféré à Malte avec le colonel Baudrand et les autres prisonniers. Il fut emmené à Corfou où il fut hospitalisé et traité. Parmi les trois incidents signalés par Dufour dans ses mémoires, l’ attaque des Anglais était celle qui manqua de peu de lui coûter la vie.
            Enfin, bien qu’il ait décrit avec élégance la cession de l’île aux Anglais après la chute de Napoléon, le lecteur peut clairement voir ses sentiments de tristesse et de déception et aussi son attachement à l’ Empereur. Fidèle à Napoléon Bonaparte, il ne voulait pas croire en sa défaite et il fut parmi les derniers à quitter son poste à Corfou et à rendre l’ île aux Anglais. Il insista auprès du gouverneur de l’île, Donzelot, afin que le drapeau impérial flotte dans les forteresses jusqu’à ce qu’un navire portant le drapeau blanc arrive pour annoncer les nouvelles désagréables et l’ordre de remettre les forteresses aux Anglais.
            Ce jour-là arriva. La flotte française sous l’amiral Cosmao apporta l’ordre de rendre l’île ainsi que tous les autres appronisionnements. Dufour décrit ainsi le départ : « Le soir d’une belle journée, tous nos navires levèrent leurs voiles et, avec un léger vent, ils s’éloignèrent de cette ville, que nous regrettions de quitter, bien que nous l’ayons maudite plus d’une fois quand nous y habitions. On entendit de la musique militaire. Notre canon répondait à l’Anglais. C’était un spectacle gracieux mais aussi très triste … »[4]. Pour sa conduite pendant les derniers jours du séjour de l’armée française à Corfou, Dufour fut décoré par les Français de la médaille de la Légion d’honneur.
            A la fin de l’année 1814 il se trouve à Genève où il est informé du retour de Napoléon. Il retourna en France, où, à Lyon, il fut chargé de construire des fortifications. Après la défaite de Waterloo en 1815, il se trouvait parmi les partisans de Bonaparte qui se sont retrouvés dans la Loire et insistèrent pour continuer le combat.
            Le retour des Bourbons n’ apporta pas à Dufour la reconnaissance de ses services à la France, mais au contraire une déchéance, car ils le classèrent avec les partisants impériaux non récupérables !  Après huit ans de service à Napoléon, après s’ être battu pour lui, il s’ était identifié avec les politiques de l’ Empereur et lui était resté fidèle. En 1817, il refusa un nouveau poste proposé par les Français à Briançon, il refusa aussi la nationalité française et retourna chez lui à Genève, où fut nommé Professeur de Mathématiques à l’ Académie, Ingénieur en chef et Ingénieur civil du canton, ainsi que Lieutenant Colonel de la Garde Nationale de Genève. En 1819, il fonda l’ Ecole militaire de Thoune.
            Son travail en tant qu’ingénieur a laissé des traces. Jusqu’à ce jour, il suffit de se référer au registre foncier de Genève. A titre d’ingénieur civil et en tant que membre du Conseil représentatif, il a contribué à améliorer l’esthétique de la ville au bord du lac. Tout comme Capodistria, Dufour a travaillé beaucoup pour la Ville de Genève.
            En 1811, Capodistria était attaché à l’ ambassade de Vienne, puis à l’ armée du Danube en tant qu’ officier civil, où il reçut la médaille de Saint Vladimir du 3e grade. En 1813, le Tsar lui décerna la Grande Croix de Sainte Anne. Peu de temps après, le Tsar l’ envoya en Suisse comme envoyé secret pour assurer la neutralité et l’ indépendance de la Suisse. Les mouvements diplomatiques intelligents de Capodistria ont atteint leur but en excluant tout support des Autrichiens en Suisse.
            En tant que Ministre Plénipotentiaire du Tsar en Suisse, il réussit à supprimer les méfiances entre les divers Cantons, il élabora la Constitution suisse et le système étatique composé d’ états autonomes (cantons) – membres de la Confédération suisse. La Diète a largement approuvé le mémorandum de Capodistria. Il a même réussi à assurer la participation de Genève dans ce nouvel état et, après avoir réuni les différents cantons, il a créé un nouveau système étatique fédéral. Il est donc à juste titre considéré comme le premier citoyen d’ honneur de Genève.
            En 1814, il a excellé au Congrès de Vienne en tant que représentant de la Russie et, selon le Chevalier von Gents, conseiller de Metternich, l’ acte final de la conférence, signé en mai 1815, était une création de Capodistria et de lui-même.
            En 1815, il fonda la Compagnie des Amis de la Musique avec l’ Evêque métropolitain Ignatios, Anthimos Gazis, Stourzas, etc., afin d’ aider les jeunes Grecs à étudier. Après la bataille de Waterloo, Capodistria assuma la représentation de la Russie à Paris et contribua à la protection de l’unité de la France et à l’ imposition d’ une règle de gouvernement constitutionnelle dans les Iles Ioniennes.
            Le Traité du 5 novembre 1815 fut l’ un des succès les plus importants dans la carrière personnelle de Capodistria. Au cours de cette période, l’ homme politique de Corfou joua un rôle de premier plan sur l’ échiquier européen. Mais dès 1820 à 1821, Metternich réussit à influencer la politique européenne du Tsar, qui lors des congrès de Tropea et Leibbach, suivit la politique de l’ Autriche. Avec l’ éclatement de la révolution grecque, Capodistria perdit la faveur du Tsar. Il demanda un congé pour raisons de santé et démissionna finalement du gouvernement russe. Il était déjà déterminé à aider, de toutes ses forces, la Grèce dans sa lutte. Genève était la ville où il avait choisi de vivre. Là-bas, avec son ami Eynard, il renforça le philhellénisme et aida la révolution grecque autant qu’ il le pouvait. Il envoya de l’ argent et des armes à la Grèce. Il a même hypothéqué ses propriétés à Corfou à un armateur pour envoyer deux navires avec des provisions aux gens affamés.
            A la suite d’ une invitation de l’ Assemblée générale de Troizina le 3 avril 1827 et après avoir démissionné du poste qu’ il avait au gouvernement russe, il accepta la proposition de la Troisième Assemblée nationale de Trizène d’ être Gouverneur de la Grèce pendant sept ans. Il arriva en Grèce, à Nauplie, le 18 janvier 1828 et, dès ce jour, il suivit le chemin du sacrifice pour la nation.
            Il refusa tout salaire en tant que Gouverneur. Ces mots en témoignent : « Si je puis m’ assurer qu’ aucun enfant grec ne soit affamé, alors peut-être que je prendrai un centime ». Certaines des premières mesures qu’ il a prises étaient la lutte contre le piratage, la réorganisation des forces armées, l’ impression d’ une pièce de monnaie d’ Etat – le Phoenix -, la construction d’ écoles, l’ introduction d’ une méthode d’ enseignement interscolaire, l’ établissement d’ une école ecclésiastique à Tiryns et une école agricole à Poros et la fondation de l’ Orphélinat d’ Aegina. Il n’ a pas établi d’ université, car à cette époque il n’ y avait pas encore de diplômés de l’ enseignement secondaire. Il a pris soin du réaménagement et de la reconstruction des villes grecques de Nauplie, Argos, Mesolongi et Patras, ayant désigné comme architecte le Corfiote Stamatis Voulgaris.
            Il considérait l’ agriculture comme la principale source de richesse pour la Grèce et encouragea la culture de la pomme de terre. Il créa une imprimerie grecque et française à Aegina malgré le fait que, de cette façon, il agissait contre certains journaux. Capodistria connaissait Dufour, sinon personnellement, du moins par son travail et l’ existence de son Ecole. Dans sa correspondance en tant que Gouverneur de Grèce il y a des références à son nom lorqu’ il essaie de se procurer un régiment suisse par l’ intermediaire de Eynard et de G. Favre-Bertrand. Cette entreprise sera sans lendemain. Il s’ adresse également à Dufour lorsqu’ il envoie des étudiants grecs en Europe pour étudier et qu’lui demande son aide. Il convient également de mentionner que 300 enfants grecs ont étudié en Europe avec son propre argent.
            Outre le service rendu à leur pays d’origine et leur sacrifice pour celui-ci, un autre élément commun aux deux hommes est leur travail de bienfaisance. Dufour est mieux connu comme officier ou ingénieur. Mais il fut aussi l’ un des cinq membres de la Commission – les quatre autres furent Henri Dunant, Louis Appia, Théodore Maunoir et Gustave Moynier – qui plaidèrent pour le traitement approprié des blessés sur les champs de bataille. Grâce à Dufour et à ses nombreuses connaissances internationales lors de la Conférence de 1864, la Convention de Genève fut signée et ce fut le début de la création de la Croix – Rouge. Capodistria est bien connu pour sa générosité envers les familles grecques pauvres : il leur fournît de la nourriture et des soins et permît à bien des jeunes d’ étudier. Il établit l’ enseignement des mathématiques et ses sciences naturelles dans les écoles qu’ il fonda en Grèce et distribua le livre de mathématiques qui eut été écrit par le professeur Corfiote de l’ Académie ionienne, Ioannis Karantinos. Grâce à la Société d’ Amis de Musique et aux nombreuses organisations philhelléniques en Europe, il fournit toute l’ aide possible aux populations grecques asservies.
            Ce qui s’ est passé ensuite est bien connu. Les Grecs qu’ il aimait tant et pour qui il sacrifia sa carrière politique, ses biens et sa vie, ont traité Capodistria bien différemment de la manière dont les Suisses ont traité Dufour. Ces derniers ont honoré et continuent d’ honorer leur concitoyen en reconnaissant ses services, tandis que les premiers ne voulaient pas admettre la grande aide que Capodistria leur a apportée. Ils ont ignoré le rôle important qu’ il a joué en Europe et en Grèce et ils l’ ont assassiné ! Aujourd’ hui encore, le Gouverneur se trouve probablement dans un court chapitre de l’ histoire grecque.

            En tant qu’ homme pacifiste, humaniste et d’ esprit ouvert, Dufour a été honoré par son pays comme faisant partie des « grands hommes qui ont fait évoluer l’ histoire », selon Alexandre Vanautgaerden, Directeur de la Bibliothèque de Genève. En tant qu’ homme de paix et d’ humanité, et aussi comme individu d’ esprit ouvert Capodistria avait un rêve commun avec Dufour : celui de servir son pays d’ origine. Et c’ était exactement quelque chose qu’ ils essayaient tous deux de faire dans l’ Europe du XIXe siècle.
            Mikis Théodorakis a déclaré en 2013, lors de sa nomination comme membre honoraire de l’ Académie d’ Athènes : « Je veux que la Grèce devienne une Suisse de paix et de civilisation ayant comme symboles l’ Acropole d’ Athènes - symbole mondial de la civilisation - Olympie et Delphes - symboles globaux de la fraternité et de la paix parmi les peuples. » La paix et la prospérité du peuple ont été le rêve du Suisse Guillaume-Henri Dufour et du Corfiote comte Jean Capodistria.




[1] « Deltion » Société de Lecture de Corfou, année 6, numéro 6, Corfou 1969, p.62.
[2] « Deltion » Société de Lecture de Corfou, année 6, numéro 6,Corfou 1969, p.62.
[3] Idem p. 63.
[4] « Deltion » Société de Lecture de Corfou, année 6, numéro 6, Corfou 1969, p.70.

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