LE GENERAL DUFOUR ET LE COMTE CAPODISTRIAS DANS L’EUROPE
DU XIXe SIECLE
Sophie Moraiti,
docteur en philosophie,
ex
professeure à l’ Institut des Langues
étrangères à l’ Université d’Athènes et à
l’Université
ouverte
Au XIXe siècle la nouvelle
carte géopolitique de l’ Europe est dessinnée par les guerres de Napoléon et de
nombreux autres conflits. L’ émergence des consciences nationales et de
sentiments patriotiques très puissants, la construction de l’unité italienne et
la libération des provinces balkaniques, ainsi que les révolutions
industrielles donnent l’ élan à des discussions sur le nouvel aspect de l’
Europe. De 1815 à 1871 l’ Europe des Nations domine la vie politique du
temps : du congrès de Vienne et de la Sainte Alliance jusqu’à l’
achèvement de l’ unité italienne et allemande, les peuples aspirent à former
des nations érigées en états nationaux, sous l’œil bienveillant ou hostile des
grandes puissances.
Le XIXe siècle est aussi
le siècle où les élites intellectuelles vont transformer le vieux continent, en
un immense chaudron, dans lequel vont bouillonner et prendre forme toutes les
idées et tous les arts. Ses savants, ses
artistes, ses intellectuels, vont porter la recherche technologique, la
recherche scientifique, la recherche artistique, la recherche des idées, à un
niveau jamais atteint auparavant. Voilà le milieu dans lequel ont vécu deux
grandes personnalités de l’époque : le Général Guillaume – Henri Dufour et
le comte Jean Capodistria, Ministre du Tsar Alexandre Ier et futur Gouverneur
de Grèce.
En étudiant les événements
historiques de l’ époque, nous pouvons parler de « vies parallèles »
pour ces deux personnalités. Ils avaient une certaine différence d’âge. Dufour
était né le 15 septembre 1787, alors que Capodistria était né le 11 février
1776. Le premier mourut dans sa maison en Suisse, en 1875, honoré par ses
compatriotes, le second fut assassiné à Nauplie par deux Grecs à l’ âge de 55
ans, en 1831, alors qu’il était Gouverneur de Grèce. Ils firent tous deux de
brillantes études : Dufour étudia à l’ Ecole Polytechnique de Paris et
Capodistria à la célèbre Université de Padoue en Italie. La période pendant
laquelle ils étudièrent est importante. Des événements tels que la Révolution française
en 1789, les Lumières, et la volonté des peuples à changer la société,
marquèrent le développement social de l’ Europe. Tous deux étudièrent et furent
influencés par les nouvelles idées dominantes de l’ époque. En parlant des
événements importants de leur vie, nous mettons en lumière les valeurs communes
qu’ ils défendirent au long de leur vie.
En 1807, Dufour passa le
concours d’ admission à l’ Ecole Polytechnique de Paris, et en 1809, ayant
terminé ses études, il poursuivit sa formation d’ ingénieur à l’ « Ecole
pratique » de l’ armée à Metz, en France. A la fin de 1809, les cinq
meilleurs étudiants de l’ Ecole reçurent l’ ordre de partir à Corfou, frontière
Est de l’ Empire de Napoléon, afin de collaborer aux travaux de fortifications
contre l’ armée anglaise. Dufour écrit dans ses Notes biographiques : « Ce fut pour nous une grande
déception d’ être si loin de la Grande Armée tant admirée, que nous vantions et
acclamions. C’ était comme un exil. »
Capodistria commença sa
carrière politique plus tôt. Il retourna à son île natale en 1800, après ses
études en Italie et commença à travailler comme médecin. Il se mêla de
politique en 1801, lorsqu’ il accompagna Nicolas Sigouros à Céphalonie pour
aider à y rétablir l’ ordre. Cette mission fut couronnée de succès, et les deux
hommes rentrèrent à Corfou. En 1802 il participa à l’ établissement de l’
Association Médicale en tant que Secrétaire. Au cours de l’ année suivante, en
1803, il fut nommé Secrétaire de l’ Etat Ionien avec la charge de
correspondre avec les expatriés de la République à l’ étranger. En mars 1804 il
eut l’honneur d’ être nommé par le Tsar Alexandre Ier, Conseiller de l’ Etat du
6ème grade.
En 1805 il devint
« Contrôleur de l’ Education » c’est-à-dire Ministre de l’ Education
publique, et il fondit 40 écoles réparties dans les 7 îles ioniennes. L’ école
du Monastère de Tenedos était la première école de l’administration publique,
où tous les employés de l’ état et tous les prêtres étaient obligés de suivre
une formation pendant deux ans. Il est important de noter que Capodistria
inaugurait ici un système de bourses d’ études, pour aider les étudiants
démunis à étudier.
En 1806 il reprit la
Direction de cette Ecole publique de la République qu’ il avait fondée de sa
propre initiative. La même année, il fut élu Secrétaire du Sénat ainsi que
Secrétaire et Rapporteur de la Commission de rédaction de la nouvelle
Constitution. Ses propositions furent rejettées comme trop libérales. Il
persuada néanmoins le Sénat de voter la Constitution en arguant que « C’
est uniquement les propositions de Monsenigo qui seraient approuvées par
la Cour de Russie. »
En 1807, en tant que
Commissaire pour la défense contre les Ottomans de l’ île d’ Agia Mavra
(Lefkada), il était au service de la Russie, puisqu’ il avait avec lui 300
soldats russes, ainsi que Ignatios, évêque métropolitain d’ Arta. C’ est là qu’
il rencontra les chefs militaires grecs et qu’ il reconnut leur rôle important
dans l’ anéantissement des troupes d’ Ali Pacha et leur éloignement de Lefkada.
Lorque les Français sont
arrivés à Corfou, le général Berthier lui proposa des rendez-vous que
Capodistria n’accepta pas, car il attendait une proposition des Russes avec
lesquels il entretenait de très bonnes relations.
Cette proposition arriva
en effet : en 1808 le comte Nicolas Petrovitz Noumiatsef du Ministère des
Affaires étrangères de Russie, par sa lettre officielle lui annonça qu’ il fut
honoré par la Russie avec le titre de Chevalier de l’ Ordre de Sainte-Anne et
l’ invita à Saint Petersbourg. En 1809, il arriva à Saint Petersbourg où il
resta pendant deux ans comme conseiller d’ Etat. Donc, quand Dufour est arrivé
à Corfou, Capodistria était déjà en Russie.
L’ arrivée de Dufour et
son séjour à Corfou sont brillamment décrits dans ses Notes biographiques. Des extraits de ce livre ont été publiés dans
le Bulletin de la Société de lecture de Corfou en 1969, traduits et édités par
Mme Agathi Nicokavoura. Ils sont arrivés à Corfou le jour de Noël 1810. Dufour
constate : « … Nous n’avions pas encore de place pour vivre. Il
nous avaient installés dans une pièce, à côté d’ une autre pièce semblable, où
il y avait un certain nombre de danseuses qui étaient arrivées même temps que
nous. Les deux chambres communiquaient, et bien que rien d’immoral n’ ait eu lieu,
cette cohabitation d’ hommes d’ une part, de femmes de l’ autre, que l’ on
pouvait voir et entendre parler, était assez comique… » [1]
Dufour servit sous les ordres du Commandant des ingénieurs et Commandant des
fortifications des îles Ioniennes, le colonel Baudrand. Dufour raconta qu’il
ait eu la chance d’ avoir trouvé en lui « un directeur illuminé et plus
tard un ami dévoué ».[2]
Au cours de son séjour sur
l’Ile, désormais capitaine, Dufour surveilla et dirigea les travaux et dessina
la carte de « la zone à grande échelle avec ses canons, les montrant
clairement »,[3] comme il l’
écrivit, selon une méthodee de conception qui les fit ressembler à des reliefs.
Dans ses Notes biographiques, il
déclare qu’ il a dessiné cette carte en 1811 et 1812, et que c’ était la
première carte comportant des courbes de niveau. La carte originale se trouve
aux Archives du Ministère français de l’ Armée.
En plus de ses occupations
militaires et sociales, Dufour écrivit à Corfou un traité sur la « Perspective ». La vie sur l’île avait ses côtés agréables, mais aussi
dangereux et désagréables. En ce qui concerne les côtés agréables, en dehors de
leur premier lieu de séjour déjà mentionné, Dufour participa avec ses collègues
aux « bals du gouverneur », il assista à des comédies théâtrales, des
pantomimes et des courses de chevaux. Caractéristique de l’ atmosphère de joie
et d’ humour qui régnait, est sa référence au carnaval où son déguisement en
tant que femme eut tellement de succès qu’ un officier de la marine tomba
amoureux de lui !
Le côté dangereux décrit
par le capitaine était l’ incendie de l’ entrepôt de munitions de la Nouvelle
Forteresse. Face au danger de propagation des explosions, les habitants et l’
équipage des navires qui se trouvaient dans le port étaient pris de panique.
Dufour, à la tête des hommes qu’ il avait placés sur un talus pour être en
sécurité, réussit à éteindre le feu sans l’ aide de l’ eau, mais en utilisant
de la terre à la place. Le résultat fut la perte d’ une seule vie, celle de la
personne qui avait causé l’ incendie. Mais un autre événement, qu’ il mentionne
dans ses Notes biographiques et qui
lui coûta presque la vie, fut l’ attaque des Britanniques contre le navire
français qui avait été envoyé en reconnaissance sous les ordres du colonel Baudrand.
Les cartons des cartouches prirent feu et son uniforme commença à brûler aussi.
Il tomba à la mer et, comme il le raconte, il nagea « avec son uniforme
volumineux et son épée au côté » jusqu’ au bateau le plus proche. Bien que
cet incident mît sa sécurité en danger, il évita ainsi d’ être transféré à
Malte avec le colonel Baudrand et les autres prisonniers. Il fut emmené à
Corfou où il fut hospitalisé et traité. Parmi les trois incidents signalés par
Dufour dans ses mémoires, l’ attaque des Anglais était celle qui manqua de peu
de lui coûter la vie.
Enfin, bien qu’il ait
décrit avec élégance la cession de l’île aux Anglais après la chute de
Napoléon, le lecteur peut clairement voir ses sentiments de tristesse et de
déception et aussi son attachement à l’ Empereur. Fidèle à Napoléon Bonaparte,
il ne voulait pas croire en sa défaite et il fut parmi les derniers à quitter
son poste à Corfou et à rendre l’ île aux Anglais. Il insista auprès du
gouverneur de l’île, Donzelot, afin que le drapeau impérial flotte dans les
forteresses jusqu’à ce qu’un navire portant le drapeau blanc arrive pour
annoncer les nouvelles désagréables et l’ordre de remettre les forteresses aux
Anglais.
Ce jour-là arriva. La
flotte française sous l’amiral Cosmao apporta l’ordre de rendre l’île ainsi que
tous les autres appronisionnements. Dufour décrit ainsi le départ :
« Le soir d’une belle journée, tous nos navires levèrent leurs voiles et,
avec un léger vent, ils s’éloignèrent de cette ville, que nous regrettions de
quitter, bien que nous l’ayons maudite plus d’une fois quand nous y habitions.
On entendit de la musique militaire. Notre canon répondait à l’Anglais. C’était
un spectacle gracieux mais aussi très triste … »[4].
Pour sa conduite pendant les derniers jours du séjour de l’armée française à
Corfou, Dufour fut décoré par les Français de la médaille de la Légion
d’honneur.
A la fin de l’année 1814
il se trouve à Genève où il est informé du retour de Napoléon. Il retourna en
France, où, à Lyon, il fut chargé de construire des fortifications. Après la
défaite de Waterloo en 1815, il se trouvait parmi les partisans de Bonaparte
qui se sont retrouvés dans la Loire et insistèrent pour continuer le combat.
Le retour des Bourbons n’
apporta pas à Dufour la reconnaissance de ses services à la France, mais au
contraire une déchéance, car ils le classèrent avec les partisants impériaux
non récupérables ! Après huit ans
de service à Napoléon, après s’ être battu pour lui, il s’ était identifié avec
les politiques de l’ Empereur et lui était resté fidèle. En 1817, il refusa un
nouveau poste proposé par les Français à Briançon, il refusa aussi la
nationalité française et retourna chez lui à Genève, où fut nommé Professeur de
Mathématiques à l’ Académie, Ingénieur en chef et Ingénieur civil du canton,
ainsi que Lieutenant Colonel de la Garde Nationale de Genève. En 1819, il fonda
l’ Ecole militaire de Thoune.
Son travail en tant
qu’ingénieur a laissé des traces. Jusqu’à ce jour, il suffit de se référer au
registre foncier de Genève. A titre d’ingénieur civil et en tant que membre du
Conseil représentatif, il a contribué à améliorer l’esthétique de la ville au
bord du lac. Tout comme Capodistria, Dufour a travaillé beaucoup pour la Ville
de Genève.
En 1811, Capodistria était
attaché à l’ ambassade de Vienne, puis à l’ armée du Danube en tant qu’
officier civil, où il reçut la médaille de Saint Vladimir du 3e
grade. En 1813, le Tsar lui décerna la Grande Croix de Sainte Anne. Peu de
temps après, le Tsar l’ envoya en Suisse comme envoyé secret pour assurer la
neutralité et l’ indépendance de la Suisse. Les mouvements diplomatiques
intelligents de Capodistria ont atteint leur but en excluant tout support des
Autrichiens en Suisse.
En tant que Ministre
Plénipotentiaire du Tsar en Suisse, il réussit à supprimer les méfiances entre
les divers Cantons, il élabora la Constitution suisse et le système étatique
composé d’ états autonomes (cantons) – membres de la Confédération suisse. La
Diète a largement approuvé le mémorandum de Capodistria. Il a même réussi à
assurer la participation de Genève dans ce nouvel état et, après avoir réuni
les différents cantons, il a créé un nouveau système étatique fédéral. Il est
donc à juste titre considéré comme le premier citoyen d’ honneur de Genève.
En 1814, il a excellé au
Congrès de Vienne en tant que représentant de la Russie et, selon le Chevalier
von Gents, conseiller de Metternich, l’ acte final de la conférence, signé en
mai 1815, était une création de Capodistria et de lui-même.
En 1815, il fonda la Compagnie
des Amis de la Musique avec l’ Evêque métropolitain Ignatios, Anthimos Gazis,
Stourzas, etc., afin d’ aider les jeunes Grecs à étudier. Après la bataille de
Waterloo, Capodistria assuma la représentation de la Russie à Paris et
contribua à la protection de l’unité de la France et à l’ imposition d’ une
règle de gouvernement constitutionnelle dans les Iles Ioniennes.
Le Traité du 5 novembre
1815 fut l’ un des succès les plus importants dans la carrière personnelle de
Capodistria. Au cours de cette période, l’ homme politique de Corfou joua un
rôle de premier plan sur l’ échiquier européen. Mais dès 1820 à 1821,
Metternich réussit à influencer la politique européenne du Tsar, qui lors des
congrès de Tropea et Leibbach, suivit la politique de l’ Autriche. Avec l’
éclatement de la révolution grecque, Capodistria perdit la faveur du Tsar. Il
demanda un congé pour raisons de santé et démissionna finalement du
gouvernement russe. Il était déjà déterminé à aider, de toutes ses forces, la
Grèce dans sa lutte. Genève était la ville où il avait choisi de vivre. Là-bas,
avec son ami Eynard, il renforça le philhellénisme et aida la révolution
grecque autant qu’ il le pouvait. Il envoya de l’ argent et des armes à la
Grèce. Il a même hypothéqué ses propriétés à Corfou à un armateur pour envoyer
deux navires avec des provisions aux gens affamés.
A la suite d’ une
invitation de l’ Assemblée générale de Troizina le 3 avril 1827 et après avoir
démissionné du poste qu’ il avait au gouvernement russe, il accepta la proposition
de la Troisième Assemblée nationale de Trizène d’ être Gouverneur de la Grèce
pendant sept ans. Il arriva en Grèce, à Nauplie, le 18 janvier 1828 et, dès ce
jour, il suivit le chemin du sacrifice pour la nation.
Il refusa tout salaire en
tant que Gouverneur. Ces mots en témoignent : « Si je puis m’ assurer
qu’ aucun enfant grec ne soit affamé, alors peut-être que je prendrai un
centime ». Certaines des premières mesures qu’ il a prises étaient la
lutte contre le piratage, la réorganisation des forces armées, l’ impression d’
une pièce de monnaie d’ Etat – le Phoenix -, la construction d’ écoles, l’
introduction d’ une méthode d’ enseignement interscolaire, l’ établissement d’
une école ecclésiastique à Tiryns et une école agricole à Poros et la fondation
de l’ Orphélinat d’ Aegina. Il n’ a pas établi d’ université, car à cette
époque il n’ y avait pas encore de diplômés de l’ enseignement secondaire. Il a
pris soin du réaménagement et de la reconstruction des villes grecques de
Nauplie, Argos, Mesolongi et Patras, ayant désigné comme architecte le Corfiote
Stamatis Voulgaris.
Il considérait l’
agriculture comme la principale source de richesse pour la Grèce et encouragea
la culture de la pomme de terre. Il créa une imprimerie grecque et française à
Aegina malgré le fait que, de cette façon, il agissait contre certains
journaux. Capodistria connaissait Dufour, sinon personnellement, du moins par
son travail et l’ existence de son Ecole. Dans sa correspondance en tant que Gouverneur
de Grèce il y a des références à son nom lorqu’ il essaie de se procurer un
régiment suisse par l’ intermediaire de Eynard et de G. Favre-Bertrand. Cette
entreprise sera sans lendemain. Il s’ adresse également à Dufour lorsqu’ il
envoie des étudiants grecs en Europe pour étudier et qu’lui demande son aide.
Il convient également de mentionner que 300 enfants grecs ont étudié en Europe
avec son propre argent.
Outre le service rendu à
leur pays d’origine et leur sacrifice pour celui-ci, un autre élément commun
aux deux hommes est leur travail de bienfaisance. Dufour est mieux connu comme
officier ou ingénieur. Mais il fut aussi l’ un des cinq membres de la
Commission – les quatre autres furent Henri Dunant, Louis Appia, Théodore
Maunoir et Gustave Moynier – qui plaidèrent pour le traitement approprié des
blessés sur les champs de bataille. Grâce à Dufour et à ses nombreuses
connaissances internationales lors de la Conférence de 1864, la Convention de
Genève fut signée et ce fut le début de la création de la Croix – Rouge. Capodistria
est bien connu pour sa générosité envers les familles grecques pauvres :
il leur fournît de la nourriture et des soins et permît à bien des jeunes d’
étudier. Il établit l’ enseignement des mathématiques et ses sciences
naturelles dans les écoles qu’ il fonda en Grèce et distribua le livre de
mathématiques qui eut été écrit par le professeur Corfiote de l’ Académie
ionienne, Ioannis Karantinos. Grâce à la Société d’ Amis de Musique et aux
nombreuses organisations philhelléniques en Europe, il fournit toute l’ aide
possible aux populations grecques asservies.
Ce qui s’ est passé
ensuite est bien connu. Les Grecs qu’ il aimait tant et pour qui il sacrifia sa
carrière politique, ses biens et sa vie, ont traité Capodistria bien
différemment de la manière dont les Suisses ont traité Dufour. Ces derniers ont
honoré et continuent d’ honorer leur concitoyen en reconnaissant ses services,
tandis que les premiers ne voulaient pas admettre la grande aide que
Capodistria leur a apportée. Ils ont ignoré le rôle important qu’ il a joué en
Europe et en Grèce et ils l’ ont assassiné ! Aujourd’ hui encore, le
Gouverneur se trouve probablement dans un court chapitre de l’ histoire
grecque.
En tant qu’ homme
pacifiste, humaniste et d’ esprit ouvert, Dufour a été honoré par son pays
comme faisant partie des « grands hommes qui ont fait évoluer l’
histoire », selon Alexandre Vanautgaerden, Directeur de la Bibliothèque de
Genève. En tant qu’ homme de paix et d’ humanité, et aussi comme individu d’
esprit ouvert Capodistria avait un rêve commun avec Dufour : celui de
servir son pays d’ origine. Et c’ était exactement quelque chose qu’ ils
essayaient tous deux de faire dans l’ Europe du XIXe siècle.
Mikis Théodorakis a
déclaré en 2013, lors de sa nomination comme membre honoraire de l’ Académie d’
Athènes : « Je veux que la Grèce devienne une Suisse de paix et
de civilisation ayant comme symboles l’ Acropole d’ Athènes - symbole mondial
de la civilisation - Olympie et Delphes - symboles globaux de la fraternité et
de la paix parmi les peuples. » La paix et la prospérité du peuple ont été
le rêve du Suisse Guillaume-Henri Dufour et du Corfiote comte Jean Capodistria.
[1] « Deltion » Société de
Lecture de Corfou, année 6, numéro 6, Corfou 1969, p.62.
[2] « Deltion » Société de
Lecture de Corfou, année 6, numéro 6,Corfou 1969, p.62.
[3] Idem p. 63.
[4] « Deltion » Société de
Lecture de Corfou, année 6, numéro 6, Corfou 1969, p.70.
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